Amélie Ducommun

Quatre ans après l’obtention de son diplôme de l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris et un séjour à la Casa de Velazquez dont elle fut Membre de 2009 à 2011, Amélie DUCOMMUN s’impose déjà par un style singulier. Un style qui allie force, délicatesse, ampleur et se pare de teintes harmonieuses. Cette empreinte que chaque artiste laisse de lui-même en son œuvre, cette expression même de la pensée, des sentiments et des émotions qui peut, parfois, être violente, absente ou contradictoire chez certains, est au contraire chez elle, mesurée.

Dans cette retenue, il ne faut pas voir de la pudeur mais la recherche constante d’un équilibre pictural dans lequel le trait et la couleur s’accompagnent sans heurt et se déploient dans l’espace vierge. Il ne faut pas, davantage, y voir l’absence de la spontanéité mais la nécessité de livrer l’essentiel. Car créer n’est pas seulement laisser libre cours à ses pulsions ou à ses humeurs, c’est aussi donner un sens au travail à accomplir, le nourrir de sa propre conscience, lui offrir sa part intime et l’entourer des gestes qui conviennent.

Toute entière tournée vers la nature, Amélie DUCOMMUN entretient avec elle des rapports étroits et y puise ses forces créatives. Elle en épie les moindres changements, les bruits, les teintes, les moindres mouvements et fait siens ses langages. Voir de la nature sa beauté extérieure et en livrer la beauté intérieure. Voilà toute sa démarche. Aller du dehors au-dedans, quitter l’état contemplatif pour pénétrer le cœur même de cette nature et nous livrer l’histoire silencieuse des fonds marins, celle éphémère des fleurs ou encore la puissance sereine des paysages. Quelles que soient les images qui en naissent, quels que soient les supports sur lesquels elles s’allongent, les émotions les parcourent, revêtent des aspects différents, échangent parfois leurs couleurs mais jamais ne se combattent. Elles évoluent en toute liberté et s’arrêtent, quelques fois, en des contrées abstraites. Ici, les fleurs ont emprunté le jaune d’un paysage et le noir d’une vague dans laquelle les bleus se sont mêlés.

Là, les rouges apportent leur gaieté ou se taisent devant la quiétude d’un vert, tandis que les ocres discourent entre eux. Ailleurs, les blancs et les noirs affichent leurs débats passionnés à travers des contrastes lumineux…

Ainsi, Amélie DUCOMMUN nous invite-t-elle à la suivre sur des chemins inconnus. Certains mènent à la mer, d’autres gravissent des collines ou s’arrêtent en plein champ. Les mystères qui les bordent et la poésie qui les éclaire, nous conduisent dans un endroit secret où nous avons rendez-vous avec nous-mêmes.

Aline JAULIN,
critique d’art,